Tu auras passé ta vie à te regarder vivre. À t’entendre penser pour n’aller nulle part. Pour ne rien comprendre. Pour ne rien faire.
Et toutes tes idées, la peur les avait enlevées, souillées. Et même toi, tu ne les connaissais plus.
Tu t’étais contenté d’être assis à regarder la vie des autres. Dans un fauteuil que tu avais étouffé. La tienne n’avait jamais commencé.
Ceux qui vivaient, eux, ne connaissaient pas ce confort. Le balayant du revers de la main comme l’on chasse un nuisible.
Ceux qui vivaient n’avaient aucune pause et pourtant aucune urgence. Tout se passait lorsque cela devait être fait. Le repos comme le combat. Ils vivaient, car ils n’avaient pas de temps à donner à la mort. Ils ne cherchaient pas ce qui t’intriguait. Ce qui te prenait en otage chaque jour. Mais surtout, ils ne regardaient pas derrière eux à choyer leurs exploits passés comme un enfant qui a su écrire son nom en entier. Ils n’ont aucun exploit à accomplir. Ils ont à vivre et être ce qu’ils sont. Et à réaliser ce qui doit être fait. Il n’y pas de place pour l’orgueil. Il n’y a que réalisations et victoires. Souveraineté et vie. Et rien ne les arrêtera dans leur tâche. Sans pause, sans repos, sans peurs, ni impressions.
Peut-être ne le comprends-tu pas encore. Car tu es toujours aussi inconfortablement installé dans ta médiocre vie que tu exècres. Même nous, le voyons. À ton dos voûté. À tes yeux morts et vides. À tes phrases toutes faites. Tu n’es que le produit de la fébrilité, de la peur et de l’envie. Mais parfois, tu réalises cette idiotie que tu es devenu en voyant ces autres-là. En les voyant sereins, sûrs, et accomplis.
Ce que tu deviendras peut-être si tu réapprends à marcher. À parler.
Laura.B
Laisser un commentaire