La reconquête de soi

C’est la royauté de celui qui n’a besoin de rien. Celui dont rien ne peut ébranler. La noblesse du pouvoir sur soi-même. Le règne de soi. De son territoire. De ce qui est propre à l’un. Ce qui lui appartient. De droit. Mais si perte il y a. Si prise en otage se produit. Sa couronne ne lui sera pas rendue. Elle sera enterrée. Oubliée. Masquée.

Ce sera à lui. Battu et laissé pour mort au milieu d’un désert. Un désert de mémoire. Un cimetière de souffrances. De se lever. Seul. De lutter contre la peine et la rouille de son corps, de son âme, face à l’effort. Face à la difficulté de marcher seul. Face à sa désorientation.

Ce sera à lui. De trouver les armes. De les prendre. Et de ne pas craindre de les user. Contre tous ceux qui tenteront de le remettre à terre.

Ce sera à lui. D’oser laisser sous chaque pas, des traces de sang. À l’usure de sa marche, qui marquera son cheminement. À l’usure de sa croisade pour son trésor. Pour sa noblesse. Son rang d’insoumis.

Et lorsqu’il trébuchera de lui-même. D’efforts et de souffrances. Qu’il restera un peu trop longtemps à terre, qu’il espérera une main tendue, une aide. Lorsque le poids de son corps aura alourdi et étouffé sa volonté, il n’y trouvera rien. Il se perdra. S’endormira dans ses attentes. Dans ses espoirs. Endormi tellement profondément, qu’il ne se souviendra même plus de ce qu’il cherchait. Une quête du Graal dont le Graal lui sera alors devenu inconnu. Une quête donc inutile puisque pour un but oublié.

Ainsi, pourquoi se relever ?

Gisant sur le dos. À se laisser partir. Dans la tendresse de la mort qui vient. Dans l’anesthésie de la douleur par la fin qui approche. Arrivera quelque chose de nouveau et pourtant d’ancien.

De la peine pour soi. De la peine qui réveillera un amour-propre. Un amour qui réveillera de la fierté. De la fierté qui réveillera de la colère. De la colère qui électrifiera la souffrance.

Et la faim reviendra. La faim de se récupérer soi-même. Son autonomie tout comme son autorité. La faim de retrouver sa grandeur le remettra sur pied. Tout comme le dégoût de s’être laissé tomber. Et rendra toute douleur indolore. Et rendra son corps alerte, à l’écoute, à son service.

Pour reprendre sa quête.

Ce sera à lui de veiller sur lui-même. Ce sera à lui de se dominer. Pour terminer sa reconquête.

Laura.B

4 réponses à « La reconquête de soi »

  1. Avatar de Kévin Chevalier
    Kévin Chevalier

    Je rattrape le retard de lecture de ces textes qui l’un après l’autre me prennent aux tripes tellement ça me parle. Ça m’attrape par les mots et m’électrise à chaque paragraphe. Woaw. Ce texte là est juste… Woaw. Ne compter que sur soi. Avoir la foi en sa propre lumière. Incarner enfin pour soi-même le respect et l’autorité tant attendues. Ces textes sont vraiment un délice. Je me régale de parcourir ce blog alors MERCI.

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    1. Merci à toi pour tes commentaires très parlants. Je suis très heureuse de voir que ces textes sont utiles! Ils sont pour moi un coup de poing sur la table pour réveiller l’humain de sa – fausse – petitesse.

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  2. Avatar de Kévin Chevalier
    Kévin Chevalier

    Un coup de poing sur la table de l’inconscience humaine pour la faire vibrer d’une révolte contrôlée et criante. Oui, je saisi le point de vue du poing de plume. Je m’exprime aussi pour secouer l’arbre de l’inconnaissance et en faire tomber les fruits gâtés par les vers d’une prose terreuse. Il est grand temps qu’on incarne le réel de notre conscience.

    Aimé par 1 personne

    1. Oui j’ai apprécié lire tes textes et j’ai vu que tu faisais ça très bien ! Et « la révolte contrôlée » c’est parfaitement ça.

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